Rendez-vous au
Port Crouesty à Arzon
du 20 au 22 juin 2025
Pour les 26 ans de
l' Armor-Cup

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Le récit de l'équipage La voile , un sport à partager



1er témoignage :

« Pour une première participation à une régate, j'ai été comblé ! Cette Armor Cup 2008 a été une belle occasion de démontrer qu'avec un peu d'audace on peut réussir tous ensemble (on a fini sur le podium !) même en venant d'horizons divers (OPF/DCF, OPF/DMFGP, OPF/DOE et même des montagnards de FTRD/Grenoble ! ) et même si les niveaux étaient hétérogènes: si le skipper avait fait la Mini Transat, je n'avais jamais fait que de la croisière ! La cerise sur le gâteau a été de voir que les enfants autistes avaient les mêmes sourires que nous sur le bateau !

Cyril »

2er témoignage :

« Bonjour, Pour moi ce n'était pas gagné d'avance et mes ambitions en partant de Grenoble se situaient plutôt à finir dans les 10 premiers.
La prise en main du bateau le jeudi, avec un état général et la qualité des voiles assez décevants, m'ont confirmé dans mon sentiment général.
Sur l'eau, le manque de cohésion de l'équipage et les manœuvres plutôt lentes me confirmaient: c'est pas gagné!
Vendredi matin pourtant on ne baisse pas les bras, on fait le max pour finir la préparation du bateau, Emeric réalise un petit exploit pour réparer l'électronique. Lorsqu'on quitte le port la liste des réparations établie par Dominique est épuisée. Et puis c'est la surprise on ne marche pas si mal, 1ere bouée, on est 2eme et en plus devant Lannion! Là le moral remonte et je commence à croire que l'on va pouvoir faire quelque chose. La suite confirmera.
Franchement je me suis bien amusé et les enfants aussi, je pense. Je suppose que tout cela nous aura un peu rapproché et aidé à sortir de notre propre autisme.
Finalement que des bons souvenirs et le sentiment d'avoir fait quelque chose de positif.
Merci à tous, merci aux enfants et aux accompagnateurs un grand coup de chapeau.

Anecdote: notre rencontre avec un planchiste un peu isolé au milieu de tous ces bateaux qui descendent sous spi en course.
Alors voici la ballade du planchiste

J'étais tranquille j'étais peinard assis sur mon funboard La bande a surgi du brouillard Sur leur grand surprise bien mastard M’ont coincé l'long du bateau phare Et m’ont dit d’un air goguenard: T'as la combine de James Dean T'arrêtes ta frime J'parie que c'est une vrai Oxbow elle est carrément pas craignos Viens faire un tour au bout du port Histoire qu’on se l’emporte A grands coups de tangon Moi j'leur dis:"Laisse béton

Richard »

3er témoignage :

« Carnet de bord de l’Armor Cup 2008 – La voile, un sport à partager ! Jeudi matin dans l’avant-port de Lorient, L’Illette, un Grand Surprise nous attend patiemment. C’est qu’il a bien besoin d’être enfin réparé... Nos amis grenoblois ne se font pas prier !
Sans relâche ils travaillent à le mettre en état. Emeric troque sa combi pour un p’tit baudrier, Avant de s’occuper de tout' l’électronique. Mais bientôt il est temps de partir s’entraîner !
Je récupère la barre, Dominique mène la danse. Jacques oriente l’hélice à cause de la traînée, Gwénolé prend le vent et le cap à la bouée, Et Cyril sur son poste d’embraque se concentre.
Virements, envois de spi, empannages, affalages Richard à la GV, fait aussi les réglages ; A l’embraque tribord, Jérôme s’active au bras. On aimerait continuer mais il est déjà tard…
Vendredi à 11h le briefing est donné. Jérôme rejoint les Suisses, Emeric l’embraque bâbord, 6minutes, 4 minutes, 1minute, top départ ! On lance le bateau, vitesse tout en finesse. Sur un parcours Foxtrot, nous finirons 3ème !
Affalé d’ l’aperçu, 2ème parcours banane : L’équipage tourne bien, la concentration suit. Pour faire escale à Groix, parcours raccourci, Et devant Port-Tudy, 5ème nous terminâmes.
Puis le vent s’est levé, favorable à la bouée, Les voiliers sont ardents, deux rappels généraux. Sobres nous sommes restés, bien mal nous en a pris. Sur ce côtier seulement 12ème nous finîmes…
Samedi 11h mise à disposition sur l’eau Un parcours sans faute, nous finissons 1er !!! C’est vraiment fantastique, ah merci Dominique ! Au 2ème parcours, nous finissons 2ème ! Et 8ème au côtier, nous sommes du matin…
Pendant ce temps s’affèrent nos équipiers à terre. Patrick attend Romain, Kilian, Léo, Dewi. La cité de la voile : bateaux d’exposition, Ou télécommandés, font briller leur regard ! Eblouis ils embarquent pour un tour dans la rade.
Pour les plus téméraires c’est l’heure du Grand Surprise ! A Kilian le carré, les instruments de nav’, Pour Romain, c’est le pont et la main sur la barre. Deux nouveaux équipiers sur qui on peut compter, Oui la relève est donc bel et bien assurée !
Dimanche à l’aube pour la flotte, toute dernière course Pas un souffle de vent, la manche est annulée. Sagement sur la côte, les cumulus restèrent …. L’équipage est ravi, nous sommes sur le podium ! Et donc sélectionnés pour le Championnat de France !
L’Armor Cup 2008 fut une belle édition, Des étoiles plein les yeux tous nous en revenons !

Stéphana »

4ème témoignage :

De retour au port après les courses de samedi, nous accostons à l'écart de la flotte pour préparer la sortie en rade avec les enfants, que Cyril nous présente.
Sur le ponton, il y a Kilian, assez grand et costaud, et Romain, plus petit et menu. Ils sont un peu intimidés, mais je le suis tout autant, ne sachant pas à quoi m'attendre. Ils embarquent avec leurs parents ou accompagnateurs, et sont rejoints par Jean-Jacques, le photographe. Nous les plaçons à bord de sorte qu'ils soient bien assis et ne soient pas heurtés par la bôme quand nous hisserons, et je donne les recommandations d'usage.
Avant de mettre le contact moteur, je préviens qu'il va y avoir un sifflement (l'alarme de pression d'huile), et que le moteur va faire du bruit. C'est ma première "expérience" en direct avec des enfants autistes. On en a beaucoup parlé ensemble depuis le début de ce projet ("ils peuvent être perturbés par des environnements nouveaux, ils peuvent paniquer s'il y a du bruit, …") mais tout ça était de la théorie. Que va-t-il se passer aux travaux pratiques?
Je lance le moteur, sans accélérer. Pas de problème. Kilian demande où est le moteur et veut le voir. Romain demande à quoi sert cette "ficelle", et quand Stéphana lui dit que c'est pour hisser les voiles, il tire sur la ficelle pour hisser les voiles tout de suite, et nous devons le tempérer.
Nous sortons du port au moteur, Kilian visite la cabine. Il est fasciné par les écrans du GPS et de la VHF. Dans la rade, nous hissons la GV à 1ris, sans voile d'avant : évitons de prendre des coups de gîte dans les risées ou de faire claquer les points d'écoute et cliqueter des winches aux virements de bord.
Cap au sud, nous sommes au bon plein. Romain veut essayer de "conduire" le bateau. Il a déjà barré le bateau de la Cité de la Voile ce même après-midi. Je garde l'écoute à la main, lui passe la barre, et lui donne un repère visuel. Il trouve tout de suite le sens de fonctionnement de la barre, et l'amplitude à donner pour obtenir une réponse. Kilian est passé sur la plage avant et se fait expliquer les drisses et tout l'accastillage
Entre les bâtiments, le vent oscille, je donne des nouveaux repères visuels à Romain et lui explique brièvement qu'on ne peut pas aller directement là d'où vient le vent. Nous faisons quelques virements, esquivant une navette de Groix. Romain est complètement absorbé dans sa tâche de barre, incroyablement concentré, à peine lève-t-il les yeux pour une photo ou pour observer un trimaran entrant à la base sportive. Il barre très bien, je suis certain qu'il pourrait faire de la voile, mais les clubs le refusent car il ne sait pas nager, nous dit sa mère. Peut-être avec un environnement adapté?
Il est déjà temps de rentrer, nous abattons en grand. Quelques bords de largue et c'est le moment d'affaler. Après la manœuvre d'affalage, je rends la barre à Romain et nous approchons au moteur du chenal du port. Une navette arrive par l'arrière, la mer est basse, le chenal n'est pas très large et son côté nord semble peu profond.
"Je reprends la barre", dis-je à Romain.
"Non!", répond-il en crispant sa main sur la barre.
Un petit frisson me parcourt, je me demande comment débloquer cette situation sans le brusquer. Nous sommes au milieu du chenal, la navette approche doucement, il reste encore un peu d'eau à courir.
Je tente "Tu barres encore une minute. Profites-en bien. Après, c'est à moi. Il n'y a que moi qui barre pour manœuvrer dans le port, je ne la prête même pas à Stéphana ou à Cyril !" Je guette son visage, il ne dit mot ni n'acquiesce.
"Il te reste encore 30 secondes" soufflé-je ensuite, guettant la navette par-dessus mon épaule.
"C'est à moi" essayé-je avec une calme conviction en tendant la main vers la barre à l'heure dite. Il laisse faire, ouf! Je rase le quai, laisse passer la navette, ralentit le temps qu'elle fasse son demi-tour, et nous accostons en douceur.
Je me rappelle Le Petit Prince, et "apprivoiser". Dans cette affaire, je me demande qui a apprivoisé qui, au juste.

Dominique

5ème témoignage :

Lorsque nous avons décidé de monter notre projet, nous nous sommes interrogés sur le sens de l’engagement de l’ArmorCup et sur ce que nous nous pouvions apporter à cet engagement.
Assez rapidement, il nous est apparu évident qu’il fallait mettre les enfants au cœur de l’événement, en espérant leur faire vivre une journée où ils seraient l’élément central, afin que les autres puissent se dire, "j’aurais bien aimé être à la place de Romain, Kilian, Leo ou Dewi" et ainsi prendre l’espace d’un instant leur handicap ou tout simplement l’oublier.
Je pense que nous y sommes parvenus à en croire les applaudissements des enfants de la classe de Romain, lorsque ceux-ci ont vu la photo de leur camarade barrer le voilier de type Grand Surprise, et répondre qu’ils aimeraient bien l’an prochain « faire comme lui ».
Nous avons échangé, partagé et à la fin de la journée nous avons eu le sentiment d’avoir reçu énormément plus, alors merci aux enfants, aux parents présents et aux bénévoles qui donnent sans compter et souvent dans l’anonymat.

Patrick





 
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